du Wine Bar
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Week end à la Cave de Collorgues
MICHEL HERMET RENTRE A L'ACADEMIE DE NÎMES !
Parrainé par MM Audisio, Belin et Valade, Michel Hermet a été accueilli en tant que membre correspondant de l'Académie de Nîmes le 2 juin dernier aux côtés de Mme Marie Viallon, Professeur des Universités et M Didier Lavrut, Professeur d'histoire en Première supérieure Khâgne, Ulm et Chartres.
Michel HERMET
Le vice-président accueille notre nouveau confrère en ces termes ;
Ici, la rue Dorée ;
Un entrepreneur parle à un entrepreneur.
Cher Monsieur, cher ami,
Quel plaisir pour moi que notre présidente, Anne Hénault, m’ait chargé de vous accueillir aujourd’hui, vendredi 2 juin, comme membre correspondant de notre compagnie !
J’aime cette image que dans l’un des temples nîmois de la culture, en tous cas dans le plus ancien et le plus prestigieux, un entrepreneur puisse accueillir un autre entrepreneur ; tout dans votre parcours montre, on va le voir, qu’entreprenariat et culture peuvent se conjuguer et, au cas particulier, clin d’œil à votre activité de restaurateur, se nourrir.
Eduqué dans l’Hérault, à Vendargues et Montpellier puis formé dans les Alpes Maritimes, à Nice, c’est notre bonne ville de Nîmes que vous choisissez, il y a un peu plus de quarante ans, pour vous établir et pour y travailler.
Et pendant quarante ans, vous n’avez pas jeûné !
Vous avez mis en musique, allais-je dire, une vocation familiale, vous êtes fier d’appartenir à une famille de vignerons, une vocation plus tournée vers Epicure que vers les Stoïciens.
Mettre en musique, car le vin est pour vous un instrument, et quel instrument s’il est bien élevé et bien servi, pour jouer l’art de vivre.
En réfléchissant à votre parcours, et en vous lisant, la mystérieuse formule au fronton de notre porte, NE QUID NIMIS, RIEN DE TROP, m’a une fois de plus sauté à la figure. A-t-elle pour vous un sens protestant, il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup pour être ? A-t-elle le sens, au contraire, d’une exhortation pour toujours se surpasser pour obtenir et donner encore plus ?
Vous êtes donc restaurateur, vigneron et philosophe d’une certaine façon, mais avec un seul défaut : vous parlez trop bien anglais en ayant permis successivement à tous vos talents professionnels de s’épanouir dans un Steak House puis dans un Wine Bar.
On vous pardonne.
Vos parrains, Gabriel Audisio, Michel Belin, Daniel Jean Valade, un universitaire, un magistrat et un enseignant-monument ne s’y sont pas trompés, votre activité professionnelle, malgré les soucis qu’elle génère comme pour tous les entrepreneurs, est au service de la vie par les rencontres qu’elle suscite et qu’elle favorise. Rencontres que l’on sent au cœur du moteur qui vous anime. Vous aimez les artistes, vous aimez les poètes, vous aimez les gens : vous auriez dû faire de la politique. Dieu merci, vous êtes maintenant parmi nous à l’Académie.
Vous êtes chevalier du Mérite agricole et chevalier de l’ordre national du Mérite.
Bienvenue à vous.
RÉPONSE de Michel HERMET
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire Perpétuel,
Mesdames et Messieurs les membres de l'Académie,
Lorsque mes parrains Messieurs Gabriel Audiosio, Michel Belin et Daniel-Jean Valade m'ont sollicité pour rentrer dans votre prestigieuse Académie, en tant que membre correspondant, j'ai accueilli cette nouvelle avec surprise et une certaine perplexité. Cependant, c'est avec émotion, excité par la curiosité, que j'ai accepté cet honneur en rejoignant votre docte assemblée. Ne restant pas, par ailleurs, indifférent à ce lieu chargé d'histoire. Qu'ils en soient chaleureusement remerciés. Me voici donc devant vous comme un potache qui prend le chemin du lycée pour la première fois, souhaitant ardemment réussir mais avec la crainte et l'inquiétude de ne jamais décevoir.
J'aimerais, aujourd'hui, vous parler de la « plus saine des boissons ». Le vin, ma passion.
De mon enfance surgissent des souvenirs de vendanges familiales, expression d'une nostalgie ponctuée de senteurs de raisins pressés, de rires, de convivialité, de délicieux moments de partage et de réjouissances.
De mon adolescence, je retiens la découverte du vin. Au restaurant du village où je venais travailler l'été, séduit par les puissants Gigondas et Châteauneuf du Pape. Puis, au Lycée hôtelier de Nice où la passion du vin me fut transmise par Monsieur Blandin, à l'époque Meilleur Sommelier de France.
Depuis lors, cette passion ne m'a jamais quitté et le vin est devenu le compagnon de mon cheminement quotidien... Des vignobles du Rheingau, de la Moselle ou de Hesse Rhénane lors de mon séjour en Allemagne. Révisant mes cours d'œnologie, durant le service national. Et, m'orientant inexorablement vers la voie de la sommellerie à Beaune.
Ce choix m'a permis de prendre conscience de la fabuleuse culture que représentait le vin.
A la disparition du papa, j'ai souhaité retrouver mes racines en replantant sa vigne. Depuis, je m'évertue à perpétuer son métier malgré les difficultés. Cette expérience se révèle être une belle leçon d'humilité. Depuis des millénaires, le vin scelle les amitiés, préside les grands moments de notre existence, qu'ils soient festifs ou tristes. Source d'inspiration dans tous les arts, le vin est par essence le plus apte à promouvoir le développement des qualités essentielles de l'homme, ce qui est la finalité de l'Humanisme. IN VINO VERITAS..... BONUM VINUM LAETIFICAT COR HOMINUM ... Depuis la plus haute antiquité, le vin acquiert une dimension religieuse.
Pour Homère, Dionysos n'a pas droit de cité sur l'Olympe. Le Dieu du vin n'apparaît ni dans l'lliade ni dans l'Odyssée. ll n'a pas de demeure, erre de grotte en grotte et apprend à ses fidèles l'art de cultiver la vigne, de faire du vin et de boire ce breuvage riche en joie.
Le premier culte du vin apparaît en Thrace, région de l'Asie mineure. Ce culte avait pour but de pousser à l‘extase, en arrachant l'âme de l'existence habituelle. En Thrace donc, s'installe un culte. Les satyres accompagnant Dionysos ressemblent à des boucs. Ses fidèles portent des masques de taureau, de paon ou de lièvre. La plus ancienne fête du Dieu comporte un concours de buveurs de vin et la plus célèbre procession du Phallus sacré, porté par des jeunes filles, vêtues de blanc.
Cette fête qui se déroule au printemps signifie le renouveau de la nature, la force sexuelle et surnaturelle renouvelée, la fertilité et la fécondité de l'être humain et de la nature. Ainsi, ces cultes printaniers entraînaient de nombreux excès. Les Bacchanales étaient des orgies collectives, souvent violentes et criminelles. Dionysos est le Dieu de l'Éternel présent dans une philosophie de l'instant.
Dans la civilisation méditerranéenne, la vigne, avec l'olivier et le figuier, a toujours été considérée comme l'un des trois arbres fondateurs. Le vin, dans le livre de la Genèse, fait son apparition après le chaos purificateur du Déluge. En Mésopotamie, la vigne est identifiée à l'herbe de vie. La vigne est l'expression de l'immortalité. Ne dit-on pas l'eau de vie. Les tableaux représentant Adam et Eve, couvrant leur sexe d'une feuille de vigne, ne révèlent-ils pas le lieu où la vie prend racine ? La Bible met en garde le peuple contre les excès : « Avec le vin, ne fais pas le brave, car le vin en a perdu beaucoup ».
L'ivrognerie et l'intempérance, pouvant conduire au déshonneur, sont systématiquement condamnées par les prophètes. L'Ecclésiaste dit que « bu modérément, le vin est la joie du cæur. Le vin est une récompense accordée par Dieu et méritée par le travail, par la vertu et la fidélité du peuple ». Pour Isaïe, la vigne du Seigneur Sabaoth, c'est la maison d'Israël. Le vin est récompense des pauvres et des fidèles du Seigneur, qui ont traversé le désert et atteint la frontière de la Terre Promise tant espérée. Pour en matérialiser la richesse abondante, ils ne trouvent pas d'autre emblème que la vigne. Ils y coupèrent un sarment et une grappe de raisins qu'ils emportèrent à deux sur une perche. Cette grappe unique représente l'Abondance.
Une cérémonie commémore à Arbois ce lointain événement avec une grappe gigantesque pesant plusieurs dizaines de kilos et portée sur deux perches par quatre hommes.
Le partage du pain et du vin entre Abraham et le grand prêtre Melchisédech est le modèle du Christ donnant son corps brisé et son sang pour le salut de l'humanité. On retrouve ces symboles fondamentaux du pain et du vin dans l'Ancien testament, comme dans la Grèce antique, où on partageait avec son hôte, le pain et le vin au cours d'un premier repas, signifiant l‘amitié partagée.
Jusqu'à la Réforme, les vins de messe sont rouges, car ils symbolisent le sang du Christ et jusqu'au XIlle siècle, on communie avec du pain et du vin. Le vin s'identifie au sang du Christ, écrasé par le pressoir. Ce sang versé pour une multitude sous la forme du vin a été un don offert au cours du repas de fête de la Pâque, fête de la délivrance du peuple juif. Symbole de la vie qui se transmet sans jamais être détruite. Ce caractère indestructible se retrouve chez les anciens Egyptiens ou en pays celtique, au point que les ossements étaient lavés avec du vin, comme une teinture d'éternité.
La destinée du vin se trouve lié à celle du christianisme avec les Bénédictins et les Cisterciens qui développent la vigne au Moyen Age (CIos Vougeot, Châteauneuf du pape... ). Les fêtes ne manquent pas avec, entre autres, les Rogations le jour de la Saint-Marc ou de la Saint-Vincent, patron et protecteur des vignerons. La mère de Dieu est parfois sollicitée pour s'occuper de la vigne. Ce sont les Madones de la Grappe, dont une des plus célèbres est celle du tableau de Mignard au musée du Louvre.
On sait l'influence qu'a exercée Marie sur son fils aux Noces de Cana. Le vin a pris naissance en Orient, mais comment est-il perçu dans l'islam ? On est amené à constater une ambivalence à l'égard du vin. La théologie coranique ne peut que suspecter l'alcool, « œuvre démoniaque et satanique » d'après la sourate V. 90-92. Le vin est une abomination inventée par Satan. Cette lecture des versets coraniques conduit à une répression menaçant l'alcoolisation. Mais le problème de l'interdit de l'alcool se complique lorsque d'autres sourates (XV|.6.9) affirment « des fruits de palmiers et des vignes, vous tirez une boisson enivrante et un aliment excellent » ou encore « ô fils d'Adam, mangez et buvez, mais ne soyez pas excessifs, Allah n'aime pas les excessifs ». Pour certains sultans, la philosophie du vin, apurée des interdits religieux, devient alors un art de vivre et une jouissance de la vie. L'échanson est l'intermédiaire entre le poète et la musique, comme il est le médiateur patenté entre l'homme et le divin.
Le vin est le seul secours face à la réalité sombre, farouche et définitive de la mort. Le vin devient le bonheur saisi ou volé dans l'instant éphémère. ll est le célèbre « Carpe Diem » d'Horace. Sous l'influence du christianisme et de l'épicurisme, le vin n'est plus frappé d'interdit.
Cette utilisation du vin comme lieu de résistance a été très vivace chez deux grands philosophes poètes comme Omar Khayyâm et Hafiz. « Alors, qui boit du vin, si ce n'est le sage ! », demande Khayyâm, qui poursuit : « puisque nul ici ne peut garantir un lendemain, rends heureux maintenant ton cœur malade d'amour; au clair de lune, bois du vin, car cet astre nous cherchera demain et ne nous verra plus ». Le poète fait l'éloge du temps présent et de la jouissance de chaque instant. Déguster le vin est un long apprentissage. L'Art du vin est avant tout une philosophie de la sensualité.
Le vin est un lubrifiant social symbole de convivialité. Le vin peut être aussi une boisson thérapeutique, reconnue par Platon et Hippocrate qui accusent l'eau de faire ronfler, éructer ou d'apporter la gale. Le vin est considéré comme antibiotique, diurétique. Il stimule les fonctions rénales. Le vin est calmant, analgésique. Il facilite la digestion. Bref, le vin renouvelle la force vitale. Horace l'affirme : « Le vin est santé de l'âme. ll guérit les gens fragilisés et fatigués ». Le vin et la vigne sont l'objet de l'inspiration artistique. La musique, l'architecture, la peinture ont fait du vin un concept d'esthétique. Le vin a été loué par d'innombrables écrivains et poètes. C'est l'âme du vin elle-même, comme le proclame Baudelaire, qui envahit comme un torrent l'âme de l'homme. Le poète est lui-même dans l'intimité étroite du vin lorsqu'il entend « L'âme du vin chanter dans les bouteilles, un chant plein de lumière et de fraternité ».
Je conclurai par un extrait du Bourgeois gentilhomme : « Les biens, le savoir et la gloire n'ôtent point les soucis fâcheux. Et ce n'est qu'à bien boire que l'on peut être heureux ! »
Merci pour votre attention.